Vincent, Francis : Rite de passage et fratrie : un travail possible en institution

Résumé : Rite de passage et fratrie : un travail possible en institution. – Le présent article est un essai de mise en relation du modèle du rite de passage avec une pratique psycho-éducative en institution pour adolescents. Il comprend deux études de cas, par lesquelles le lecteur pourra saisir également en quoi le rôle d’une fratrie a été prépondérant afin de réactiver un processus de croissance interrompu sur les plans individuel et collectif.

Summary : Rite of passage with siblings:on approach with potential for institutions This paper explores the parallels between the rite of passage model and a psycho-educational approach currently being used in an institution for adolescents. In two case studies the reader will be shown the importance of the sibling relationship to reactivate a process of growth stopped on levels individual and collective.

Resumen : Rito de paso y fratia : una posible labor institucional – El presente artículo intenta poner en relación el modelo del rito de paso con la práctica psico educativa aplicada en institución que (trabajan con) acompañan a adolescentes. En él se presentan dos análisis de casos, a traves de los cuales se intenta dar al lector una visión de la manera como el rol de las relaciones fraternales fue (ha sido) preponderante en la reactivación de un proceso de crecimiento ininterrumpido sobre el plano individual y colectivo.

RITE DE PASSAGE ET FRATRIE :
UN TRAVAIL POSSIBLE EN INSTITUTION

A la mémoire du Professeur Etienne Dessoy

Vincent ROOSENS [1] et Francis RITZ [2]

Thérapie familiale, Genève, 2007, Vol. 28, No 3, pp. 265-290

« La musique, pour créer l’harmonie, doit explorer la discordance. »
Auteur inconnu

Contexte professionnel

Le Foyer de Thônex est une institution d’éducation spécialisée en milieu ouvert appartenant au secteur des structures pour adolescents de l’Association Astural (Genève, Suisse).

L’institution est à même d’accueillir huit adolescents de 14 à 19 ans en internat, tous adressés par les services placeurs officiels ou les tribunaux. Une équipe [3] composée d’une directrice, d’éducatrices, d’éducateurs, et d’un psychologue, est appelée à intervenir auprès de ces jeunes gens vivant des difficultés de différents ordres (personnelles, familiales, sociales, scolaires), que ce soit dans le cadre d’un mandat pénal ou non. Bien que très variable dans sa durée (de quelques semaines à plusieurs années), chaque placement est en principe jalonné par des étapes successives qui se veulent être des repères pour toutes les personnes concernées. Aussi y est-il prévu un temps d’accueil du jeune et de sa famille ; une période d’adaptation de trois mois vouée à la construction d’un projet éducatif ; des synthèses semestrielles ; et un bilan de fin de placement. Des entretiens de famille réguliers conduits par le psychologue et l’éducateur de référence de l’adolescent viennent compléter ces moments-clés du parcours en institution.

Cadre théorique

La pensée systémique est clairement le modèle auquel nos actions et réflexions psycho-éducatives se rattachent, lesquelles sont enrichies par la pratique d’une supervision d’équipe de même orientation. Parmi les développements plus récents de ce paradigme, la thérapie brève centrée sur les solutions (modèle de Bruges) représente un apport certain pour notre travail, notamment à l’heure d’aborder des situations où la contrainte, le non choix semblent régner en maîtres. De façon plus large, cette approche imprègne notre éthique de la rencontre avec les familles en ce qu’elle cherche à mettre en valeur et actionner les ressources de celles-ci, créer un climat de coopération par une attitude respectueuse à l’endroit des personnes, de leurs valeurs, leurs choix, ainsi que de leur(s) symptôme(s). Ceci, avant d’envisager tout changement qu’elles pourraient désirer.

La publication de l’ouvrage Les ressources de la fratrie a sans doute été un élément déclencheur de la rédaction de cet article. Un ouvrage dans lequel plusieurs de nos intuitions ont trouvé une mise en forme ou des compléments théoriques fort éclairants pour la conduite de nos entretiens en présence des frères et sœurs d’un jeune placé.

Enfin, le traitement en institution appréhendé comme un rite [4] de passage constitue désormais une pièce maîtresse de notre compréhension de la collaboration avec les familles, comme du processus de coconstruction que nous visons avec elles.

Nous devons cette conception à E. Dessoy qui, repartant des travaux de l’anthropologue A. Van Gennep (1909), propose la définition suivante du rite de passage :

« Il s’agit d’un phénomène qui orchestre le saut d’une étape à une autre de la vie en suscitant le changement ; il est un puissant marqueur temporel qui permet au temps d’évoluer » (3). Quant à la structuration de ce type de rite comprenant les grandes étapes [5] du cycle de vie, une vaste étude interculturelle menée il y a un siècle avait amené Van Gennep à en déterminer une logique interne faite de trois temps majeurs. E. Dessoy les a formulés comme suit :

a) une phase dite de…

Pour avoir accès à ce contenu et à des centaines d’autres articles, vous devez faire une demande d’inscription.

Je m’inscris

Si vous avez déjà un compte, connectez-vous à l’aide de ce formulaire.