Vannotti, Pereira : APPROCHE INDIVIDUELLE ET RELATIONNELLE DU DEUIL Étapes du deuil familial

La perte peut être vue comme un événement qui peut mettre à l’épreuve -profondément et parfois de manière traumatique - les conceptions que l’individu a de la vie et du monde. La nature du deuil, comme expérience humaine, doit être connue par les médecins. Les récits des personnes confrontées avec la perte mettent en évidente un processus complexe d’adaptations à une nouvelle réalité. Ce processus est à la fois personnel, familial, social et culturel. Les auteurs soulignent dans cet article la dimension familiale du deuil.

APPROCHE INDIVIDUELLE ET RELATIONNELLE DU DEUIL

par Marco Vannotti (1) et Roberto Pereira (2)

(1) Marco Vannotti Médecin adjoint, PD et MER Policlinique Médicale Universitaire ; DUPA, Service de Psychiatrie de Liaison, Lausanne
(2) Roberto Pereira Tercero, Directeur de l’Ecole Basque de Thérapie Familiale, Bilbao, Espagne

Référence : Revue médicale de la Suisse romande 124, 39-46, 2004

Introduction

Le deuil, c’est-à-dire « le procédé psychologique qui se met en marche à cause de la perte d’une personne aimée » (Bowlby) (5), est un processus qui affecte de manière fondamentale chaque individu concerné et le réseau des relations de la personne qui meurt.

Le processus de deuil dépend largement de facteurs culturels, de l’appartenance sociale, du genre et du niveau spirituel du sujet.

Si l’homme est un vivant inséré dans une communauté, si l’être humain ne peut pas exister seul, il est évident que la perte d’un proche porte atteinte au sujet, non seulement par la dure confrontation à la nouvelle absence, au nouveau silence, mais encore par une sorte de mise en question de son être, de son identité.

L’on pourrait supposer que les réactions face à la perte sont en partie innées. L’anticipation de pertes possibles, en amont, pousse le sujet à préserver ses proches et, par là, à préserver la communauté et lui-même.
Freud a été le premier à parler et à réfléchir sur le deuil dans son livre « Deuil et Mélancolie ». Le deuil serait le processus normal s’ensuivant la perte d’un objet -objet dans le sens d’une personne qui n’est pas le sujet. L’endeuillé doit désinvestir l’objet perdu pour réinvestir l’énergie sur un autre objet.

Selon d’autres psychanalystes -dont Racamier (15) -, l’expérience du deuil est aussi le résultat d’un apprentissage lors de la première séparation d’avec sa mère, ce « deuil originaire » qui tout au long de notre vie, constitue une trace complexe, vivante et durable, de ce que nous serons prêts « à accepter de perdre comme prix de toute découverte ».
Cet apprentissage de la perte développe chez chaque individu une compétence plus ou moins grande à faire face aux deuils futurs.

Cette compétence est la clef de voûte de tout mouvement de différenciation : ainsi les conditions de la traversée du deuil originaire et la cicatrice que nous en conservons, déterminent la capacité d’effectuer les grands et petits deuils et de traverser les différentes crises qui, inévitablement, ponctueront notre existence (7).

Les études les plus fréquentes décrivent uniquement la réaction individuelle du deuil, éludant les aspects inter-relationnels du processus.

L’accent mis sur les aspects individuels des observations sur le deuil coïncide avec un changement de culture qui, au nom de l’individualisme utilitaire contemporain, semble privilégier les besoins égocentrés de l’individu et mettre ou deuxième plan la…

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