Van der Borght : Violences des institutions, violence en institutions

INTRODUCTION

1. Violence des institutions, violences en institution

1.1. Contexte de société

1.2. Pathologies institutionnelles

1.2.1. Il y a des institutions normalement névrosées

1.2.2. Et des institutions anormalement névrosées

1.2.3. Il y a des institutions psychotisantes

2. Travailler avec les équipes

2.1. Cadre et demande

2.2. Sept polarités du travail institutionnel

3. Pour conclure

Violences des institutions, Violence en institutions

Christine Vander Borght

Dans Thérapie Familiale 2003/4 (Vol. 24), pages 337 à 358

Introduction

J’aime la ville de Toulouse et les amis et collègues qui me proposent de travailler avec vous aujourd’hui. Quand Eric Trappeniers m’a demandé de présenter mon travail, dans le cadre de ce colloque, j’ai bien sûr hésité : je ne me considère pas comme une grande oratrice et j’ai l’impression qu’il me reste encore tant de choses à apprendre !

Et puis j’ai fait un rêve. Je marchais dans une rue très étroite, qui ressemblait à une de vos belles ruelles de Toulouse quand, soudainement, s’ouvrait une perspective sur un édifice très imposant. C’était une église, d’une belle couleur terre de Sienne, construite comme un monastère cistercien pour sa partie basse, et nantie d’une haute et impressionnante tour, enveloppée d’une végétation touffue. Il y avait un aspect sauvage et puissant dans cette apparition soudaine, une grande force. C’était à la fois un choc esthétique que j’ai déjà ressenti en visitant cette belle ville, mais je l’ai déchiffré aussi comme une évocation de ce qui peut (me) faire violence : le poids du passé, le pouvoir de l’institution, la force d’un projet collectif, la dureté et la souffrance du travail de construction d’une oeuvre faite pour rassembler et résister ; pour exclure aussi.

Ce rêve m’a aidé à prendre ma décision. Voici donc ce dont j’aimerais vous parler.

Je développerai tout d’abord un premier thème autour des « pratiques dans les institutions psychosociales » avec deux entrées :

 le contexte sociétal actuel et
 les pathologies institutionnelles.

Ensuite, je développerai ce qui me paraît important à mettre au travail avec les équipes et les institutions dans lesquelles je suis appelée à intervenir, interventions souvent consécutives à des dysfonctionnements, à de la souffrance, à des formes parfois violentes du vivre ensemble.

Ce modèle de travail a été progressivement construit au sein d’un groupe fondé par Jacques PAIN, notamment, et ensuite avec mes collègues du « groupe Institution » de l’Université de Louvain, en Belgique.

Il se complète, maintenant, du travail effectué en collaboration avec mes collègues de l’Institut de la Famille de Toulouse et de Lille (Eric Trappeniers, J. Jacques Beugniez, Alain Boyer pour ne citer que ceux-là).
Et puis viendra le temps de regarder vers le futur et vers l’irrépressible plasticité de l’expérience humaine.

C’est aussi ce dont témoignent les psychothérapeutes qui se penchent sur les souffrances humaines : on ne guérit jamais vraiment de son enfance, mais certains arrivent cependant à en faire un « merveilleux malheur » pour reprendre un titre de Boris Cyrulnik. Tout n’est pas joué avant 5 ans ! Si nous n’étions animés par cette croyance-là, que ferions-nous ici ?

1. Violence des institutions, violences en institutions

1.1 Contexte sociétal

Tous les orateurs en parleront bien sûr, mais cette question de la violence ne peut être abordée, me semble-t-il sans avoir à s’interroger d’abord sur : ici et maintenant, là où je vis et je travaille, qu’est-ce qui me fait violence ? A quelles…

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