Segond : Un fanatique de la famille Segond, P.

UN FANATIQUE DE LA FAMILLE

“Si l’on traitait chacun selon son mérite,
qui pourrait échapper au fouet”

W.Shakespeare, Hamlet

Dans le roman de Dostoïevski, Les frères Karamazov, Smerdiakov (fils illégitime, représentant la personnalité la plus fragile de sa fratrie) tue, dans un accès épileptique, Fédor Karamazov, le vieux père tyrannique, figure de “Padre Padrone” ; mais, à travers cet acte il agit comme délégué de ses frères, et plus particulièrement d’Ivan dont il accomplit, en écho, le désir profond. C’est finalement l’autre frère, Mitia, qui sera accusé à tort, les apparences étant contre lui (car il a un mobile, “criminologiquement acceptable” dans la rivalité qui l’oppose à son père qui lui dispute sa maîtresse) . Tous, à l’exception sans doute du plus jeune frère Aliocha - qui n’en est que le témoin- auraient pu effectivement tuer le père. Dans un texte de commande pour introduire une réédition de ce roman, Freud écrit en 1928 : “Ce n’est pas la psychologie qui mérite la dérision, mais la procédure d’enquête judiciaire. Peu importe de savoir qui effectivement accomplit l’acte “. [1]

Le parricide représente une situation extrême qui de tout temps a suscité l’effroi de ceux qui s’y trouvait confrontés (qu’il s’agisse des proches, des témoins directs, ou de ceux qui ont à le comprendre ou à le juger), effroi qui peut provoquer “de la paralysie, de la sidération sinon une mortelle fascination” [2]. La justice a, de tout temps, exprimé, à travers les châtiments exemplaires qu’elle lui appliquait, l’horreur qu’un tel geste devait inspirer à la société : jeté à la mer dans un sac, dans l’antiquité, ou conduit au supplice en chemise, nu-pieds et la tête couverte d’un voile noir, le poing droit tranché avant décapitation jusqu’en 1832 (Code napoléon). Il n’est donc pas surprenant que, confronté à la demande d’un article axé sur la thématique du traumatisme, se soit imposée aussitôt l’idée de relater une situation clinique que nous avions eu à connaître dans…

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