Pauzé : Premiers contacts de Bateson avec l’anthropologie

Robert Pauzé est docteur en psychologie clinique (université de Montréal). Psychologue clinicien, pendant près de dix ans, dans un centre hospitalier universitaire pédiatrique de Montréal, il a travaillé, par la suite, comme consultant et formateur en approche systémique. Depuis 1988, il est professeur au département d’éducation spécialisée de l’université de Sherbrooke (Québec). Il est, entre autres, responsable d’enseignement relatif à l’approche systémique et à la thérapie familiale. Il est en lien avec le mouvement de thérapie familiale francophone.

« Grégory Bateson, itinéraire d’un chercheur »

L’œuvre multidisciplinaire de l’anthropologue Gregory Bateson (1904-1980) joue un rôle fondateur dans le développement des réflexions éco-systémiques, nées en particulier des applications de la pensée cybernétique aux sciences humaines. Nous lui devons les bases théoriques principales de l’étude des systèmes familiaux ainsi que la croissance des psychothérapies tant dans les domaines des familles et des couples que dans les institutions psychiatriques et d’aide sociale.

Mais la lecture des écrits de Gregory Bateson se révèle difficile. Son style parfois hermétique, mais non dénué d’humour, et sa manière originale de traiter des données aussi diverses que celles de la biologie, de l’apprentissage et de la communication ou de la créativité mentale peuvent décourager les lecteurs.

C’est pourquoi Robert Pauzé a conçu cet ouvrage comme une carte pour explorer les travaux concrets et théoriques de Bateson. Ce soutien permet à un large public de chercheurs en sciences humaines, de soignants ou d’intervenants sociaux de s’aventurer avec moins d’appréhension dans ces écrits fondateurs. Ceux-ci témoignent d’une « manière de penser » qui s’est élaborée en une suite de niveaux logiques. Certes l’œuvre de Gregory Bateson a été mise à la disposition des lecteurs français, toutefois il devenait nécessaire de préparer et d’accompagner sa lecture.

Premiers contacts de Bateson avec l’anthropologie

Robert Pauzé

Extrait de « Gregory Bateson, itinéraire d’un chercheur. » Éditions Ères.

Les premiers contacts de Bateson avec l’anthropologie lui permettent de réaliser que cette science est embryonnaire. Par exemple, il souligne que, dans le cadre de sa formation universitaire, il a appris principalement à mesurer des crânes, à appliquer certaines techniques d’interview, à utiliser des éléments de phonétique et à établir des généalogies.

Il faut souligner que, à l’origine, l’anthropologie anglaise a été influencée par deux écoles de pensée (les évolutionnistes et les diffusionnistes) axées principalement sur l’étude généalogique des sociétés, ces deux écoles s’inscrivant dans la perspective de la théorie de l’évolution de Darwin.

En 1920, Malinowski et Radcliffe-Brown, deux éminents anthropologues anglais, vont émettre certaines réserves à l’égard de ces deux écoles de pensée. Ils proposent plutôt d’étudier les structures des diverses sociétés ou cultures de manière synchronique et anhistorique.

Cette manière de procéder s’avère, à leur avis, plus scientifique. Par exemple, les méthodes proposées par Radcliffe-Brown [1] pour étudier les phénomènes sociaux sont essentiellement analogues à celles utilisées en physique et en biologie.

Ainsi, il compare l’organisation des groupes humains à celle de la structure d’un organisme vivant. Il postule également que les différentes parties de l’unité sociale interagissent entre elles…

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