KUENZLI-MONARD : Déconstruction des idées reçues sur la violence : une alternative à la violence KUENZLI-MONARD, F. (2001). Thérapie Familiale, 22, 4, 397-412.

Dans cet article, je présente une approche différente du phénomène de la violence domestique ainsi qu’un panorama des onze théories de la violence les plus fréquemment utilisées. J’explique pourquoi en tant que psychothérapeute issue du mouvement socio-constructiviste, la recherche de la causalité me paraît peu utile. Je m’attacherai à répondre aux questions suivantes. A quoi sert une explication causale de la violence ? Que renforce-t-elle ? Qu’empêche-t-elle ? Je propose aussi une alternative à l’explication causale, en m’ inspirant de la théorie des limites (Bateson). Il est plus utile de considérer ce qui empêche la résolution ou la dissolution d’un problème (l’intérêt et l’attention sont portés sur les contraintes ou les limitations), plutôt que d’où provient un problème (l’intérêt et l’attention sont portés sur l’examen de la dynamique familiale ou individuelle ou la pathologie). J’offre des pistes quant au positionnement du psychothérapeute et au dilemme éthique, auquel il fait face. Je propose des idées aux psychothérapeutes qui veulent aider les « prisonniers de la violence ».

Déconstruction des idées reçues sur la violence : Une alternative à la violence .

Sous nos latitudes, on a tendance à penser que si l’on comprend la cause d’un
problème, il est déjà à moitié résolu. Le monde « psy » véhicule souvent l’idée que,
chez le professionnel de la santé, on peut dans un premier temps déceler les causes
de notre comportement et dans un second temps se sentir mieux. En ce qui concerne
la violence, plus particulièrement la violence domestique, nous pensons que l’attribution
causale est délicate.

Dans bien des cas, l’énoncé de cette dernière induit qui est coupable et qui est victime.

Cette attribution causale peut même, dans certains cas, induire des effets « pervers ». Il n’en demeure pas moins que la majorité des clients restent sur leur faim (pour le mieux) ou se sentent angoissés, « incomplets », déprimés, déboussolés, confus (dans le pire des cas), si le professionnel ne propose pas une explication qui permette à l’autre de mettre du sens sur ce qu’il vit.

Le propos de cet article est d’offrir un compte-rendu des principales explications
de la violence au travers de la littérature. Souvent, dans les explications causales, ce
sont des causes externes à l’individu qui sont vues comme éléments déclencheurs de
la violence. Nous pouvons citer le stress, la paupérisation, une constitution psychologique
ou une enfance malheureuse. Ensuite, j’examinerai l’effet de cette attribution
causale sur la personne, les relations et sur la violence elle-même. Je propose
une alternative à l’attribution causale, en m’inspirant des théories de Bateson (1972,
1978, 1979) et de White (1984, 1986a, 1986b, 1990). Il faut souligner que Bateson
n’a jamais écrit directement sur la violence, mais je propose d’appliquer ses théories
au thème de la violence. Le psychothérapeute australien, White, reprend les
concepts de Bateson : le contexte et la limite. Il les développe pour trouver des idées
novatrices dans le champ de la thérapie. J’emprunte ces idées pour les appliquer au
problème de la violence domestique.

Socio-constructivisme et postmodernisme

Chaque point de vue est influencé par des idées ou des a priori qui transforment
et modifient notre compréhension de la réalité. Cet article fait sans…

Pour avoir accès à ce contenu et à des centaines d’autres articles, vous devez faire une demande d’inscription.

Je m’inscris

Si vous avez déjà un compte, connectez-vous à l’aide de ce formulaire.