Gaillard : Quatre grands témoins du 20ème siècle à méditer aujourd’hui pour civiliser notre planète en devenir et en reliance (W. James, J. Dewey, G. Bateson, E. Glasersfeld)

Vous trouverez à l’adresse suivante un dossier coordonné par Jean-Paul Gaillard. Il fait suite à un colloque organisé dans le cadre des grands débats du Réseau Intelligence de la Complexité (Jean-Louis Lemoigne, Edgar Morin, Jacques Miermont, etc.).

http://www.mcxapc.org/docs/dossiermcx/0805dossier24.pdf

DOSSIER MCX XXIV Mai 2008

Quatre grands témoins du 20ième siècle
à méditer aujourd’hui pour civiliser notre planète en devenir et en reliance

« Transformer nos Expériences en Science avec Conscience » : Actualité de, W. James, J. Dewey, G Bateson, E. von Glasersfeld,

Grand Débat du Réseau Intelligence de la Complexité animé par Jean-Paul Gaillard

*

Dossier coordonné par Jean-Paul Gaillard

*

Actes du GRAND DEBAT DU RESEAU ‘INTELLIGENCE DE LA COMPLEXITE’ MCX APC
Organisé en collaboration avec l’Unité Études, Ingénierie et Innovations de l’INSEP
Jeudi 29 novembre 2007. PARIS - VINCENNE – INSEP - Amphithéâtre Pierre de Coubertin
Ce débat était suivi par l’Assemblée Générale 2007 de l’Association européenne du Programme Modélisation de la CompleXité : http://www.mcxapc.org/docs/autre/pv_ag_2007.pdf

DOSSIER MCX XXIV
« Transformer nos Expériences en Science avec Conscience »
Actualité de, W. James, J. Dewey, G Bateson, E. von Glasersfeld
Quatre grands témoins du 20ième siècle à méditer aujourd’hui
pour civiliser notre planète en devenir et en reliance

Sommaire
Jean-Louis LE MOIGNE :. Présentation du Réseau Intelligence de la Complexité (MCX- APC) et du Projet de ce Grand Débat 2007 p.3

Jean-Paul GAILLARD : Ouverture : Présentation du thème de l’organisation et des intervenants de ce Grand Débat. « Nos moyens d’investigation et d’action laissent loin derrière eux nos moyens de représentation et de compréhension » p.5

Jacques MIERMONT : « Gregory Bateson et l’épistémologie du vivant : ou comment l’esprit émerge des circuits qui relient les organismes en co-évolution dans leur environnement »
suivi du débat autour de la contribution de Jacques MIERMONT p.17

Marie LAROCHELLE : « L’effet Glasersfeld en éducation : une illustration » suivi du débat autour de la contribution de Marie LAROCHELLE p.33

Philippe CHANIAL : « Au-delà du dualisme individu/société : association, démocratie et éducation chez John Dewey » suivi du débat autour de la contribution de Philippe CHANIAL
p.50

Guillaume GARRETA : « Pragmatisme et Pluralismes depuis W James ; Genèse et transformations du « pluralisme culturel » p.77

Finale 1 : Conversation entre Jacques MIERMONT et Jean-Paul GAILLARD p.91

Final 2 : Jean-Louis LE MOIGNE Recette Cette reliance ‘détrivialisante’ qui va de l’Empirisme Radical au Constructivisme Radical transforme nos expériences en science avec conscience : propos d’étape, chemin faisant. p.92

*******

PRÉSENTATION
Jean-Louis Le Moigne

LE PROJET DE CE GRAND DÉBAT 2007
L’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse
(Proverbe africain)

Soyez les bienvenus.

Je suis heureux de vous accueillir et découvrir cette journée un peu originale montée par notre "Réseau Intelligence de la Complexité" qui, vous le savez sans doute déjà, cherche à vitaliser nos intelligences et nos cœurs. Nos responsabilités civilisatrices de citoyens sont inséparables de nos responsabilités civilisatrices de scientifiques. Ensemble, praticiens et chercheurs, enseignants et animateurs, ne pouvons nous relier en les méditant nos expériences et nos enthousiasmes ?

Au fil des années précédentes, nous avons exploré ou retrouvé, en tentant de nous les réapproprier, de riches traditions de réflexion, de recherche, de transformation d’expérience en science, que nos cultures institutionnelles française en particulier semblaient souvent oubliées ou ignorées : Carcans académiques imprégnés de cultures scientistes puis post scientistes, enracinés dans des discours cartésiens ou positivistes dont on avait l’impression qu’on ne pouvait plus s’en débarrasser.

Pourtant chacun sentait bien que l’aventure humaine de la connaissance se formant sans cesse dans le terreau infini des expériences et des passions humaines, pouvait être plus riche, moins trivialisante que celle que nous présentait les modèles académiques d’une science diffusant des connaissances se proclamant plus objectives et par là souvent trop réductrices et parfois mutilantes

Il nous fallait, il nous faut toujours, retrouver, revivifier ces racines pour irriguer nos cultures contemporaine de ces multiples sèves (un univers pluraliste’, disait W James). Nous avons ainsi exploré de notre mieux les années précédentes les apports d’Herbert Simon, de H von Foerster, d’Edgar Morin, de quelques autres. Cette année, approfondissant nos réflexions et découvrant avec enthousiasme, grâce à Marie Larochelle le dernier ouvrage d’Ernst von Glasersfeld en anglais proposant quelques nouveaux regards sur les développements du paradigme épistémique du Constructivisme Radical, nous nous sommes interrogés sur les racines proches de son entreprise si stimulante : Dans quelle histoire s’est-elle formée, quels sucs ont nourri directement ou non, cette pensée très contemporaine ? Ernst von Glasersfeld n’a que 90 ans, nous pouvons aisément relier sa pensée avec celles de quelques uns au moins de ses prédécesseurs qui ont marqués les premiers quarts du 20° S. Nous trouvions vite quelques repères d’autant plus que de bonnes traductions françaises commençaient à se diffuser. Entre W James qui rassemble vers 1906-7 ses ‘Essais d’Empirisme Radical(lesquels seront publiés pour la plupart publiés en 1912, peu après sa mort), J Dewey qui disparaît en 1952 et G Bateson qui disparaît en 1980, nous repérions quelques solides traces qui méritaient véritablement d’être visitées avec attention pour leur étonnante actualité, que l’on soit praticien ou scientifique.

Notre ami Jacques Miermont familier depuis longtemps pour notre plus vif bonheur, de l’œuvre et de la pensée de G Bateson nous invita volontiers à tenter d’identifier les patterns qui relient’ l’experience individuelle et sociale à l’intelligence réfléchie des comportements : Les deux œuvres de W.James et de J Dewey s’inscrivaient alors sur le tableau. Les spécialistes de leur pensée, Guillaume Garreta et Stéphane Madelrieux1 pour W James et Philippe Chanial pour J Dewey, s’associèrent confraternellement à notre projet de reliance de ces quatre sources épistémiques, nous proposant de nouveaux regards sur nos pratiques : A l’aune de l’Ecologie de l’Esprit (G Bateson), le Pluralisme et l’Empirisme’ (W.James), ‘le Pragmatisme’ (J Dewey) et ‘le Constructivisme’ (E von Glasersfeld) se relient et se complexifient, enrichissant notre entendement : Transformer nos expérience en science avec conscience, n’est ce pas s’attacher à travailler à bien penser’ ?

Voila en quelques mots la genèse de cette journée : Épissurer dans les tresses de nos cultures civiques et épistémiques contemporaines, ces quatre brins souvent oubliés. Ainsi renforcés, nous saurons continuer l’aventure en exerçant nos intelligences, ensembles, Chemin Faisant.
Je ne vous présente pas d avantage le Réseau Intelligence de la Complexité et je passe tout de suite la parole a notre ami Jean Paul Gaillard qui a organisé et qui va animer cette journée. Je lřen remercie sincèrement.

 [1]

OUVERTURE
Jean-Paul Gaillard

PRÉSENTATION DU THÈME ET DES INTERVENANTS DE CE GRAND DÉBAT 2007.

« Nos moyens d’investigation et d’action laissent loin derrière eux nos moyens de représentation et de compréhension » P Valéry

Il me semble que nous sommes aujourd’hui les acteurs et les témoins dřune époque peu fréquente dans une civilisation, puisque ce qui nous arrive actuellement en Europe, ce qui arrive aussi dans toutes les mégapoles de cette terre et qui chaotise les États Unis d’Amérique depuis une dizaine d’année, ne s’était pas produit, pour une part depuis 1500 ans, pour une autre part depuis trois siècles.
Cette mutation, puisqu’il s’agit très précisément d’une mutation, ne me semble pas se borner à rendre nécessaire une relativisation ou une reformulation des modèles actuellement utilisés pour penser l’économie, la religion, la sociologie, la psychologie, la politique et même l’histoire ; cette mutation nous impose de nous ré-outiller en termes de logiques et d’épistémologie.
La mutation mondiale en cours fait que jamais encore, nous tous ici présents, n’avions eu autant besoin d’exercer nos capacités de reliance, nos capacités à percevoir le monde et à nous percevoir dans le monde comme un tissus d’éléments indissociables, dans sa complexité croissante.
Il se trouve que les quatre monuments de la pensée que nous avons convoqués aujourd’hui : Gregory Bateson, William James, John Dewey et Ernst von Glasersfeld, ont consacré l’essentiel de leur œuvre à produire des logiques non closes, des logiques à la mesure des problèmes complexes qu’implique la tâche de se penser pensant et agissant comme parties composantes du monde dans lequel nous vivons.

John Dewey avait de la pensée une définition non triviale. A l’évidence, pour lui, penser constitue un effort ! Il écrivait en effet :
« Penser est une démarche intentionnelle pour découvrir les liens spécifiques entre ce que nous faisons et les conséquences qui en résultent »

Il se trouve que cette petite phrase résonne dřun son très familier à MCX : elle nous renvoie à Ivan Illich, Heinz von Foerster et Henri Atlan, souvenez-vous :
« Les acteurs sociaux fondent leurs actions sur l’état actuel du monde sans prendre en compte le fait que cet état est le résultat de la synergie de leurs actions. Une rationalité individuelle à courte vue peut ainsi déboucher sur une irrationalité collective. » (Atlan 1991)

La mondialisation de l’économie et de la culture produit un certain nombre dřeffets sur les hommes et sur la planète, qui produisent à leur tour un certain nombre dřeffets sur lřéconomie et la culture…
Les formes actuelles de la science et de la pédagogie produisent un certain nombre dřeffets sur les hommes et sur la planète qui produisent à leur tour un certain nombre dřeffets sur formes de la science et de la pédagogie… et nous sommes de plus en plus nombreux à ne pas être certains que tout cela aille actuellement dans un sens très viable pour lřhumain, faute

dřacteurs susceptibles de se penser pensant et agissant comme parties composantes du monde dans lequel ils vivent.

Le problème récurrent, ajouterait notre ami Francisco Varela, est que nous sommes terriblement limités par le fait que nous ne voyons que ce que nous voyons.

Entre la structure qui relie de Bateson, l’empirisme radical de James, la pragmatique de Dewey et le constructivisme de Glasersfeld, nous avons de quoi nous fabriquer des lunettes multifocales, des lunettes qui nous permettront peut-être de porter notre regard au-delà de la dichotomie citoyen - expert ; nous allons demander à Bateson, James, Dewey et Glasersfeld quřils nous aident à concevoir ces lunettes, quřils nous aident à faire émerger pour nos yeux des formes nouvelles de pensées pour lřaction à travers ce qui, à proprement parler, les caractérise : leur superbe liberté de pensée.
Nous allons aujourdřhui nous fertiliser de cette liberté créatrice pour quřémerge entre nous et, je le souhaite ardemment, loin autour de nous demain, une action pensée ou une pensée en action à la mesure des enjeux auxquels le 21ième siècle nous confronte.
Des bribes de formes nouvelles de pensée sont dřores et déjà perceptibles dans cet univers terriblement bruité, bribes quřil nous est encore difficile de lire autrement que comme des paradoxes, bien quřinoubliablement débrouillées par Gregory Bateson dans « ce que tout élève sait ». De ces bribes, jřen balbutierais trois :
  complexité dans lřuniformisation
  complexification illisible à lřaide de grilles hiérarchiques
  différences dans lřégalité

Il semble bien que ces paradoxes ne seront étirables et transformables en outils pour la pensée et pour lřaction quřà lřaide de logiques nouvelles ou, peut-être pas si nouvelles que cela mais écartées par une domination séculaire du paradigme mécaniste : nos quatre monuments ont, je crois, encore beaucoup de choses à nous dire là dessus.
A un Doyen dřuniversité qui demandait un jour à Bateson dřassurer un cours sur les développements de la science, Bateson avait répondu avec son humour inimitable :
« Je ne vois pas ce que je pourrais en dire, parce que, depuis l’invention du fromage, rien de très notable ne s’est produit dans la science ! »

il traçait la ligne de départ ! Aujourdřhui, attachons-nous aller plus loin que lřinvention du fromage…

Je cède à présent la parole, avec autant dřimpatience que de plaisir, à Jacques Miermont que tous ici connaissent : il est psychiatre institutionnel et libéral, psychanalyste-systémicien, ce qui est un programme en soi, il est membre du Bureau MCX depuis de longues années, président de la Société Française de Thérapie Familiale et auteur de nombreux ouvrages importants.
La collection ingenium a récemment gagné un ouvrage remarquablement construit dont Jacques est lřinstigateur : Ruses de l’humain dans un monde rusé : identités, unité, complexité.
Il va ouvrir le bal sur un thème dont nous souhaitons quřil nous aide aujourdřhui à fédérer les riches pensées de James, Glasersfeld et Dewey :
« Gregory Bateson et l’épistémologie du vivant, où comment l’esprit émerge des circuits qui relient les organismes en co-évolution dans leur environnement »

« GREGORY BATESON ET L’EPISTEMOLOGIE DU VIVANT,
où comment l’esprit émerge des circuits qui relient les organismes en co-évolution dans leur environnement »

Jacques MIERMONT

1. Introduction

Lorsque Jean-Louis Le Moigne mřa proposé de participer à ce Grand Débat consacré à lřempirisme radical, au pragmatisme et au constructivisme, je nřai pas mesuré la difficulté à devoir préciser la participation de Gregory Bateson à ces courants épistémologiques.

Il serait tout dřabord quelque peu illusoire de chercher à être le fidèle garant de la pensée de Bateson, tant celle-ci est complexe, évanescente, difficile à clarifier sans la trahir. Ayant souvent tenté de le lire et de le relire, jřai eu à chaque fois le sentiment de découvrir une manière de réfléchir que je ne connaissais pas encore. En reconsidérant une nouvelle fois son œuvre, en particulier tous les textes publiés consacrés à lřépistémologie, ce même sentiment sřest à nouveau emparé de moi, avec une intensité amplifiée. Jřimaginais trouver dans ses écrits des ponts qui pourraient relier facilement les différentes thématiques de cette journée entre elles. Or jřai découvert, en partie à mon corps défendant, que ces ponts étaient jonchés de chicanes. De ce fait, je nřai quřun souhait en introduction : que ce Grand Débat devienne une incitation à reconnaître lřexistence de nombreux phénomènes auto-contradictoires dans les options épistémologiques élaborées par lřêtre humain, phénomènes dont Bateson a été un pionnier pour en concevoir lřexistence.

Une telle exploration débouche sur un double risque : celui de vouloir être un fidèle disciple la pensée de Bateson alors quřil nous invite à penser par nous-mêmes ; et celui de vouloir donner son avis par rapport aux positions souvent antinomiques des uns et des autres en fonction de son équation personnelle.

Plus jřai lu et relu Bateson, plus jřai cru constater quřil était éloigné des positions épistémologiques et pratiques de ses partenaires et disciples de recherche et thérapeutes qui se sont réclamés de sa pensée et ont popularisé sa démarche. Et, lors dřun bilan cruel des effets souvent délétères de la théorie du double bind lorsquřon cherchait à lřutiliser comme une technique dřintervention dans la thérapie des schizophrènes et de leurs familles, il a clairement exprimé son aversion pour lřempirisme et le pragmatisme des thérapeutes qui ont voulu
« appliquer » ladite théorie à la pratique. Les sources qui lřont manifestement influencé sont C. S. Peirce et B. Russell, le pragmaticisme du premier cherchant à se distinguer du pragmatisme de James et Dewey, et la philosophie analytique du second semblant son exact opposé. Or par bien des aspects, les énigmes épistémologiques de Bateson ont des incidences concrètes sur la manière dont nous pensons et nous agissons, et nous conduisent à préciser les points dřaccord et de désaccord entre ces différents courants épistémologiques.

Zoologiste et ethnologue de formation, pionnier dans le défrichage du champ cybernétique et systémique, Gregory Bateson a su repenser lřépistémologie en réexaminant des circuits de lřesprit jusquřalors déconnectés par les cloisonnements disciplinaires classiques. Ses explorations en

éthologie, en anthropologie, en psychiatrie et en psychothérapie permettent dřenvisager les processus mentaux et comportementaux dans une perspective écologique de la théorie de lřévolution. Bien plus, pour lui, lřesprit et la nature forment une unité nécessaire, lřévolution du vivant dans lřécosphère étant considérée comme un processus abductif dřoù les processus mentaux ont émergé. Récusant le dualisme cartésien, il considère que lřesprit nřest pas séparé du corps pas plus que les dieux ne sont séparés de leur création.

Cette démarche, cinquante ans après son apparition, nřest pas seulement dřune grande actualité : il reste plus que jamais urgent de la questionner, de la réévaluer et de la faire évoluer à une époque où les frontières entre personnes, communautés, nations se sont à la fois ouvertes avec la mondialisation et renforcées avec les dangers liés à cette ouverture.

Bateson nřest pas seulement un chercheur en sciences fondamentales qui reconsidère les thèses de son illustre père sur la théorie de lřévolution. Il nřest pas non plus uniquement un théoricien de lřépistémologie. Il photographie sous toutes les coutures les conduites et rituels des habitants de Bali, il observe les rituels de salutation pour les mettre en relation avec la structure sociale des Iatmul en Nouvelle Guinée, il étudie les mœurs des schizophrènes, de leurs familles, de leurs psychiatres et psychologues, de leurs équipes soignantes. Il tente de comprendre les comportements des loutres, des dauphins. En ce sens, il nřhésite pas à se confronter aux contraintes de terrain, et se révèle de fait un praticien hors pair dans ce domaine. Pour autant, il se considère avant tout comme un théoricien, cherchant à identifier les schèmes abstraits qui connectent ou qui relient les observations de ces différentes expériences, apparemment très…

Pour avoir accès à ce contenu et à des centaines d’autres articles, vous devez faire une demande d’inscription.

Je m’inscris

Si vous avez déjà un compte, connectez-vous à l’aide de ce formulaire.