Gaillard : Apprentissage et désapprentissage de la schizophrénie :Eléments théoriques et techniques pour de nouvelles pratiques en thérapie de la schizophrénie

Apprentissage et désapprentissage de la schizophrénie :Eléments théoriques et techniques pour de nouvelles pratiques en thérapie de la schizophrénie

Jean-Paul Gaillard

Maître de conférences HDR en psychologie pathologique, Université de Savoie.
thérapeute systémicien.

Mots clés : schizophrénie - logiques de la communication – communication déviante – émotions exprimées – état de stress post-traumatique - apprentissages neuraux – apprentissages mentaux – émergence d’un monde – cognition – émotion – motivation - réapprentissage – thérapie systémico-cognitive.

Key words : schizophrénia – logics of communication – communication deviance – exprimed emotions - posttraumatic disorder – neural training – mental training – emergence of a world – cognition – emotion – motivation – relearning – systémico-cognitive thérapy.

Introduction.

La schizophrénie reste aujourd’hui un défi majeur posé aux praticiens et aux chercheurs en psychopathologie de l’adolescence et du jeune âge adulte. Les praticiens, comme ils l’ont toujours fait, se débrouillent avec les moyens du bord, quel que soit le niveau de leurs connaissances : chimiothérapies dont la valeur reste désespérément palliative, internements dont peu s’accordent à leur donner une valeur réellement thérapeutique même si la plupart s’accordent à les considérer comme incontournables, psychothérapies diverses, dont aucune jusqu’alors ne montre une efficacité suffisamment constante.

Au delà des affirmations plus ou moins péremptoires quant à ses causes, exprimant plus des positions d’école que des hypothèses falsifiables (génome, neurotransmetteurs, forclusion du nom du père), et nous détournant résolument de l’observation des troubles chroniques qui, à nos yeux, offrent plus d’intérêt pour une recherche sur les interactions entre patients et institutions psychiatriques que sur les troubles schizophréniques eux-mêmes, nous nous proposons de focaliser sur les troubles naissants (Grivois 2001) à la fin de l’adolescence et sur les contextes dans lesquels il apparaissent.
Nous avons eu la chance (si l’on peut dire, en l’occurrence), au cours de notre déjà longue carrière de psychothérapeute de couple et de famille, d’être par deux fois le témoin d’une schizophrénie naissante, plus précisément d’être là plusieurs mois, voire une année, avant l’apparition du moindre trouble, les parents consultant pour une thérapie de couple.

Par deux fois, nous avons pu observer à loisir des jeux interactionnels récurrents tels que Bateson et Haley les avaient décrit il y a plus de cinquante années (Bateson et all. 1956) et tels que les nombreux travaux sur la communication deviance les ont scientifiquement validé (Hendrick 2002). Par deux fois, nous avons donc été en mesure d’observer, avant…

Pour avoir accès à ce contenu et à des centaines d’autres articles, vous devez faire une demande d’inscription.

Je m’inscris

Si vous avez déjà un compte, connectez-vous à l’aide de ce formulaire.