Dessoy : LES ORIGINES DE L’APPROCHE SYSTEMIQUE

PREAMBULE

Ce recueil présente douze “études systémiques” qui voudraient cerner davantage les relations entre l’homme et son environnement. Non plus l’homme compartimenté, non plus le contexte en dehors de lui, mais plutôt la recherche du dialogue continuel qui lie l’homme et son contexte afin d’approcher davantage les implications d’une systémique humaine.

Mais qu’est-ce qu’un contexte ? Qu’est-ce qu’un environnement ? Aujourd’hui encore, l’objet d’étude de la systémique demeure incertain. S’agit-il d’étudier des interactions ? Le système ? A cela, Edgar Morin répond qu’il n’existe pas, à ce jour, une définition satisfaisante du système. Alors, si l’homme dialogue, avec qui le fait-il ? Voici la question centrale à laquelle les différents textes qui suivent tentent d’apporter une réponse en se proposant l’idée de “ milieu humain ” comme objet d’étude possible d’une certaine systémique.

Ce milieu, construit par l’homme, possède néanmoins sa propre réalité. Il poursuit même des finalités qui lui sont particulières et avec lesquelles les membres se confrontent dans un incessant dialogue où l’enjeu concerne le degré de liberté dont peut jouir l’homme en regard de la fidélité qu’il doit manifester au groupe auquel il appartient. Pour peu que le milieu insiste et s’impose, l’homme perd de sa liberté, mais gagne en appartenance. Si, à l’inverse, le milieu semble évanescent, l’homme acquiert davantage de liberté, mais perd en appartenance.

La question de la pathologie se pose à peu près dans les mêmes termes. Lorsque le milieu risque de disparaître - qu’il soit proche d’imploser ou de se dissoudre - il n’a d’autres choix, s’il veut survivre, que de modifier radicalement son organisation. Il ne peut le faire qu’avec la coopération de l’ensemble des membres, coopération qui suscite souvent des manifestations symptomatiques ou déviantes de l’un d’entre eux. Le milieu et la personne symptomatique se sont tous deux transformés et la nouvelle organisation qu’ils forment, à la fois psychologique et sociétale, garantit la survie du milieu et ...le maintien des symptômes. C’est à ce moment-là qu’une demande de psychothérapie peut être formulée.

Bruno est un garçon de 10 ans qui éprouve des difficultés à l’école : ses résultats sont catastrophiques, il double sa troisième année. De plus, il est encoprésique et énurétique, ce qui pose beaucoup de problèmes relationnels en classe. Il manque manifestement d’initiative et réclame constamment l’aide de quelqu’un pour des tâches qu’un enfant de son âge doit normalement pouvoir accomplir. Son langage est très pauvre et il s’exprime avec beaucoup de difficultés. Le P.M.S. consulté demande que Bruno soit examiné par un centre de santé mentale.

Un rendez-vous est pris et c’est avec sa grande soeur Jeanne qu’il vient à la consultation du pédopsychiatre et de la psychologue. L’examen médical ne révèle rien de particulier. L’examen psychologique fait un inventaire de la personnalité de Bruno : QI, tests projectifs, tests psychométriques, test d’agressivité, etc., on le situe aussi sur une échelle piagétienne.

Les conclusions du rapport établissent qu’il s’agit d’un enfant immature, mais non débile, souffrant manifestement d’une carence affective. On évoque une personnalité dissociée (tantôt bébé, tantôt enfant de son âge) avec un tonus psychomoteur déficient, et un retard manifeste de langage.
Le traitement d’un tel problème pourrait, selon les centres, aller d’une rééducation logopédique, à des séances de psychomotricité, en passant par une psychothérapie de l’enfant, voire une demande d’entrée dans une institution thérapeutique pour un court séjour. En ce qui concerne Bruno, c’est une logopède qui le prend en charge.

A l’issue de la 3ème séance de rééducation, la logopède s’étonne du fait que ce soit toujours la grande soeur qui se charge de conduire Bruno au Centre. Elle va vers elle dans le but de faire plus ample connaissance. Elle apprend qu’ils sont deux enfants, Bruno et sa soeur Jeanne de 18 ans. A la naissance de Bruno, les parents, très occupés par leur entreprise commerciale, attendent de Jeanne qu’elle se charge du petit frère. Jeanne a 8 ans et elle reçoit Bruno comme un merveilleux cadeau, comme une vraie poupée vivante. Aussi, va-t-elle prendre sa nouvelle charge très à coeur et plus le temps passe, plus Jeanne va devenir la personne indispensable pour Bruno. La famille étendue (les grands-parents, les oncles et les tantes), considère Jeanne comme le modèle parfait de la jeune fille dévouée et on la montre en exemple. Est-elle heureuse ? Elle ne se pose pas la question, toute sa vie est tournée vers l’éducation de son petit frère : à 10 ans, il faut…

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